Cette pièce, loufoque mais tragique, oppose un Spécialiste de la torture et du cannibalisme, monstre assoiffé de pouvoir, le Dr Béro, à ses victimes, une armée miséreuse de marginaux, composée du Vieillard, propre père et prisonnier du Dr Béro, et de quelques Mendiants corrompus qui ne se font aucun scrupule de servir aussi bien le Vieillard que sa fille, Si Béro, et le Dr Béro lui-même.Paradoxalement, avec les Mère terrestres qui veillent sur le Vieillard et sa fille, les handicapés physiques et mentaux exploités ou détenus par le Spécialiste, sont les seuls à conserver quelque éclair de raison au sein d’une humanité en folie.Ces démunis ont l’art de jongler avec les mots et les idées, ne pouvant jouer de rôle dans la société, ils se livrent à des parodies qui leur permettent de définir leurs bourreaux avec l’unique arme à leur disposition, les mots et les gestes, pour défier leurs bourreaux... l’art d’user de leur liberté de parole et de jongler.Dans des jeux de rôle tantôt désopilants, tantôt d’une insoutenable cruauté, le Vieillard et ses acolytes tournent constamment en dérision les Spécialistes, adorateurs du dieu « Comme », qu’ils stigmatisent comme la divinité du Conformisme, du Dogmatisme, de l’Intolérance et de toutes les fausses valeurs dont se réclament les tout-puissants de ce monde pour opprimer les masses.Malgré l’anomie dans laquelle la guerre civile avait plongé son pays, en écrivant Fous et Spécialistes, une pièce réaliste traitant avec le plus grand pessimisme des méfaits des tyrans et des guerres meurtrières dont ces derniers sont les instigateurs, Wole Soyinka n’avait pas perdu tout espoir de rédemption pour une humanité pourtant en déroute.Cette pièce a la forme d’un rituel d’exorcisme. Le sacrifice du Vieillard offre un espoir de salut aux hommes, et le feu dévastateur, allumé par les Mères Terrestres, qui anéantit la demeure et les œuvres du Dr Béro, a aussi un rôle purificateur.

Cette pièce, loufoque mais tragique, oppose un Spécialiste de la torture et du cannibalisme, monstre assoiffé de pouvoir, le Dr Béro, à ses victimes, une armée miséreuse de marginaux, composée du Vieillard, propre père et prisonnier du Dr Béro, et de quelques Mendiants corrompus qui ne se font aucun scrupule de servir aussi bien le Vieillard que sa fille, Si Béro, et le Dr Béro lui-même.Paradoxalement, avec les Mère terrestres qui veillent sur le Vieillard et sa fille, les handicapés physiques et mentaux exploités ou détenus par le Spécialiste, sont les seuls à conserver quelque éclair de raison au sein d’une humanité en folie.Ces démunis ont l’art de jongler avec les mots et les idées, ne pouvant jouer de rôle dans la société, ils se livrent à des parodies qui leur permettent de définir leurs bourreaux avec l’unique arme à leur disposition, les mots et les gestes, pour défier leurs bourreaux... l’art d’user de leur liberté de parole et de jongler.Dans des jeux de rôle tantôt désopilants, tantôt d’une insoutenable cruauté, le Vieillard et ses acolytes tournent constamment en dérision les Spécialistes, adorateurs du dieu « Comme », qu’ils stigmatisent comme la divinité du Conformisme, du Dogmatisme, de l’Intolérance et de toutes les fausses valeurs dont se réclament les tout-puissants de ce monde pour opprimer les masses.Malgré l’anomie dans laquelle la guerre civile avait plongé son pays, en écrivant Fous et Spécialistes, une pièce réaliste traitant avec le plus grand pessimisme des méfaits des tyrans et des guerres meurtrières dont ces derniers sont les instigateurs, Wole Soyinka n’avait pas perdu tout espoir de rédemption pour une humanité pourtant en déroute.Cette pièce a la forme d’un rituel d’exorcisme. Le sacrifice du Vieillard offre un espoir de salut aux hommes, et le feu dévastateur, allumé par les Mères Terrestres, qui anéantit la demeure et les œuvres du Dr Béro, a aussi un rôle purificateur.