Dans le Nordeste du Brésil, les petits agriculteurs du Sertao semi-aride sont fragilisés par des sécheresses récurrentes. Des chercheurs français et brésiliens ont mené une recherche interdisciplinaire sur les interactions entre ces sociétés rurales et leur environnement. Un double regard - celui des sciences sociales et celui des sciences de la nature - permet d'évaluer la viabilité écologique et sociale des stratégies paysannes pour la génération d'aujourd'hui et pour celles de demain. La menace de la sécheresse est appréhendée à une échelle régionale, puis locale. Deux visages du Sertao coexistent : l'un, qualifié de « traditionnel », continue à privilégier l'élevage extensif, mais se trouve confronté à une lente dégradation des pâturages de la caatinga ; l'autre, dit « moderne », fait le choix d'une agriculture irriguée et orientée vers le marché, mais bute sur la vulnérabilité des ressources en eau et des sols. Le suivi, pendant douze années, de deux groupes d'agriculteurs incarnant ces stratégies permet de comprendre et de comparer les logiques, les contradictions mais aussi les capacités d'évolution de chacun d'eux dans un contexte marqué par l'incertitude, tant climatique que socio-économique.