Importance : | Vol. XXVI, N°2 (pp. 211-234) |
Résumé : | Ne rien dire ou peu sur la présence de la maladie au Mali, c'est protéger le pays contre une image honteuse que ce mal diffuse. Maladie des autres et d'ailleurs, le sida est renvoyé aux marges spatiales et sociales, les migrants et les prostituées. Les médecins qui prescrivent les tests à l'insu des malades s'inscrivent dans cette politique générale qui tend à taire le sida. Avec les malades, ils évitent ce mot dangereux qui pourrait déclencher des réactions violentes (pour les malades, leur entourage ou eux-mêmes). Leurs discours se construisent dans le cadre d'une démarche identitaire malienne et légitiment une gestion spécifique de la séropositivité et du sida tenant compte des contraintes culturelles. Leurs pratiques cherchent à écarter tout risque de pollution sociale et à préserver contre la contamination déstructurante et mortelle cette représentation de l'unité familiale d'appartenance qu'est le lignage agnatique. |